Quand on veut.
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Quand on veut.
Article de D.Alilat.in el Watan du 07.08.2017.
"Pendant huit jours, du 24 au 31 juillet dernier, le village Ath Ouavane s’est transformé en scène de théâtre vivante, colorée, sans cesse changeante. Jeunes et vieux, hommes et femmes, tout le monde était acteur, jouant son propre rôle, y compris les poules, les chiens et les chats du village.
C’est une très belle opale verte, une serpentine originaire du Zimbabwe. Cette pierre qui vient d’une terre sacrée a fini son long voyage au pied du Djurdjura, dans l’un des villages kabyles les plus reculés et enclavés. Arrivée brute, elle a pris forme et presque vie sous les mains de Nicolas Orselli.
Comme beaucoup de ses amis, venus des quatre coins du monde, Nicolas, sculpteur français originaire de Marseille, était à Ath Ouavane pour participer à la 14e édition de Raconte-Arts. Pendant toute la durée du festival, Nicolas s’est appliqué à sculpter sa pierre sous le regard du public, habitants du village, festivaliers et touristes de passage. «J’ai commencé le premier jour du festival au matin et j’ai fini hier soir à 19h», dit-il avec un large sourire.
Ainsi, confrontée à un public qui observe l’artiste à l’œuvre, la sculpture est sortie des ateliers fermés et poussiéreux pour devenir un art vivant et populaire. Nicolas est visiblement heureux de faire cette offrande au festival comme le font les peintres dont les fresques ornent les murs du village jusqu’à ce que la pluie, le vent et le soleil les effacent à jamais. «C’est la première fois que je participe à Raconte-Arts et j’ai envie de recommencer car c’est une belle aventure humaine, artistique et culturelle», dit Nicolas.....
Le village est devenu ainsi un creuset pour la terre entière. Un creuset où les langues et les accents se mélangent, les sons s’enlacent pour créer de nouvelles mélodies, les amitiés se tissent comme un burnous, les couleurs fusionnent pour libérer la parole, le geste à l’origine de toute création.
Dans chaque coin, il y a quelque chose à voir ou à entendre. Un conteur qui déroule le fil de son histoire à la source du village devant un parterre de jeunes filles et jeunes hommes où se mêlent quelques vieilles femmes dans leurs robes colorées et qui boivent ses paroles comme de l’eau vive. Des orchestres improvisés de flûtes, de guitares, de violons et de chœurs. Des mimes, des clowns, des sculpteurs, des dessinateurs, des musiciens, des photographes, des troupes folkloriques et des écrivains s’emparent de tous les espaces disponibles....
Même les vitrines des commerces et des cafés du village jouent le jeu et affichent des poèmes, des nouvelles d’ateliers d’écriture, une annonce de rencontre-débat, de course à pied ou un concours de proverbes ou de beauté....
Déjà, à l’origine, cette fusion se fait entre festivaliers et villageois car ces derniers ont pour devoir d’offrir le gîte et le couvert à leurs hôtes de huit jours.
Plus qu’un festival, Raconte-Arts est devenu au fil des éditions et de ses pérégrinations, un véritable pèlerinage culturel. On y vient pour se ressourcer, s’abreuver de culture, faire des rencontres.....
Na Ouardia, 75 ans, est une authentique femme d’Ath Ouavane. Son visage souriant porte les mêmes couleurs vives et chaudes que sa robe kabyle traditionnelle. C’est un visage de grand-mère délicieuse qui respire la bonté et la bienveillance. Na Ouardia se promène au milieu des festivaliers et des visiteurs, curieuse de tout et heureuse de toute cette joyeuse agitation et animation. Veuve à un âge précoce, elle a élevé seule ses six enfants à la force de ses poignets. Encore aujourd’hui, elle continue de s’occuper de son jardin et de son verger, taillant et greffant elle-même ses arbres....
Le village a également une prestigieuse histoire liée à la guerre de Libération. Tous les dirigeants de la Révolution sont passés par là et le légendaire Amirouche en avait même fait l’un de ses QG....
....On y vient pour la montagne et on y découvre d’autres merveilles, car le village s’est taillé une solide réputation pour ses produits agricoles irrigués à l’eau pure de montagne. Ses cerises et son poivron local appelé «ifelefel awavaane» sont très demandés....
Pour le festival, Ath Ouavane a mobilisé plus de 400 jeunes gens pour assurer la sécurité des visiteurs et des festivaliers. «Ceux-là n’ont pas eu le droit de profiter du festival. Ils avaient pour mission de sécuriser les biens et les personnes», dit Hakim Bessadi. La fête s’est déroulée sans aucun incident. Pas un gendarme, pas un policier n’a posé les pieds ici durant tout le festival. Près de 800 personnes ont été hébergées et souvent nourries par les habitants et personne n’a eu à se plaindre.
Bien au contraire, le moment des séparations a été déchirant. Très souvent, Ath Ouavane a fait montre d’un esprit d’ouverture extraordinaire. Il y a peu de villages de montagne au monde qui peuvent accepter que des «étrangers» se baladent en toute liberté en son sein, que des jeunes filles court-vêtues, cheveux au vent et décolletés généreux....
D’après Hacen Metref, il faut aborder le festival avec un esprit libre et libéré des carcans de la pensée.
Il faut se laisser vivre, se laisser emporter par la vague, être en immersion complète. «Nous sommes dans un pays assez compliqué en matière de libertés individuelles et collectives. Si on libérait les expressions, les énergies, les initiatives et les espaces, on verrait l’impensable.
Il y a un potentiel extraordinaire, explosif dans ce pays, c’est du TNT», dit-il. Pour Hacen Metref, l’un des trois fondateurs du festival avec Denis Martinez et Salah Silem, il y a trop d’énergie accumulée dans ce pays. Pour éviter les explosions sociales destructrices, il faut des explosions créatrices. Il faut libérer ce trop-plein d’énergie dans l’art, le sport et la culture.
«C’est ce qui fera de ce pays un jour une puissance régionale. Je suis sidéré de voir ce que les gens cachent comme talent et potentiel créateur.....
Hacen Metref estime qu’il y a une véritable lame de fond qui est en train de transformer le pays et ses dirigeants ne s’en rendent même pas compte.
Rencontré à Ath Ouavane, le journaliste-éditeur Arezki Aït Larbi est du même avis. «Raconte-Arts est un festival sans le sou, mais qui est en train de faire une petite révolution dans les esprits. Raconte-arts a ringardisé les festivals institutionnels qui bouffent des milliards alors que les gens leur tournent le dos», dit-il.
Pour El Kadi Ihsane, autre journaliste présent à Ath Ouavane, Raconte-Arts est carrément le nouveau modèle économique qui permettra à l’Algérie de se diversifier. Le journaliste s’en explique : «Il n’est pas lié aux hydrocarbures, il n’émarge pas au budget de l’Etat, il ne fait pas travailler les Chinois...
....
A son lancement il y a 14 ans, personne n’aurait vraiment misé le moindre sou vaillant sur un festival qui ne se prenait pas trop au sérieux.
Le projet est parti d’une idée toute simple née au milieu d’un trio d’amis que sont Hacen Metref lui-même, le peintre Denis Martinez et Salah Silem, graphiste et éditeur....
...Le Printemps noir plane sur la Kabylie. En 2004, Denis Martinez voulait relancer la tradition de ‘‘Taq Uvehri’’, (La fenêtre du Vent) qui existe partout en Kabylie et qui permet aux femmes de lancer l’appel du pays aux exilés".
A l'année prochaine,in cha Allah.Et pourquoi pas Saida?
"Pendant huit jours, du 24 au 31 juillet dernier, le village Ath Ouavane s’est transformé en scène de théâtre vivante, colorée, sans cesse changeante. Jeunes et vieux, hommes et femmes, tout le monde était acteur, jouant son propre rôle, y compris les poules, les chiens et les chats du village.
C’est une très belle opale verte, une serpentine originaire du Zimbabwe. Cette pierre qui vient d’une terre sacrée a fini son long voyage au pied du Djurdjura, dans l’un des villages kabyles les plus reculés et enclavés. Arrivée brute, elle a pris forme et presque vie sous les mains de Nicolas Orselli.
Comme beaucoup de ses amis, venus des quatre coins du monde, Nicolas, sculpteur français originaire de Marseille, était à Ath Ouavane pour participer à la 14e édition de Raconte-Arts. Pendant toute la durée du festival, Nicolas s’est appliqué à sculpter sa pierre sous le regard du public, habitants du village, festivaliers et touristes de passage. «J’ai commencé le premier jour du festival au matin et j’ai fini hier soir à 19h», dit-il avec un large sourire.
Ainsi, confrontée à un public qui observe l’artiste à l’œuvre, la sculpture est sortie des ateliers fermés et poussiéreux pour devenir un art vivant et populaire. Nicolas est visiblement heureux de faire cette offrande au festival comme le font les peintres dont les fresques ornent les murs du village jusqu’à ce que la pluie, le vent et le soleil les effacent à jamais. «C’est la première fois que je participe à Raconte-Arts et j’ai envie de recommencer car c’est une belle aventure humaine, artistique et culturelle», dit Nicolas.....
Le village est devenu ainsi un creuset pour la terre entière. Un creuset où les langues et les accents se mélangent, les sons s’enlacent pour créer de nouvelles mélodies, les amitiés se tissent comme un burnous, les couleurs fusionnent pour libérer la parole, le geste à l’origine de toute création.
Dans chaque coin, il y a quelque chose à voir ou à entendre. Un conteur qui déroule le fil de son histoire à la source du village devant un parterre de jeunes filles et jeunes hommes où se mêlent quelques vieilles femmes dans leurs robes colorées et qui boivent ses paroles comme de l’eau vive. Des orchestres improvisés de flûtes, de guitares, de violons et de chœurs. Des mimes, des clowns, des sculpteurs, des dessinateurs, des musiciens, des photographes, des troupes folkloriques et des écrivains s’emparent de tous les espaces disponibles....
Même les vitrines des commerces et des cafés du village jouent le jeu et affichent des poèmes, des nouvelles d’ateliers d’écriture, une annonce de rencontre-débat, de course à pied ou un concours de proverbes ou de beauté....
Déjà, à l’origine, cette fusion se fait entre festivaliers et villageois car ces derniers ont pour devoir d’offrir le gîte et le couvert à leurs hôtes de huit jours.
Plus qu’un festival, Raconte-Arts est devenu au fil des éditions et de ses pérégrinations, un véritable pèlerinage culturel. On y vient pour se ressourcer, s’abreuver de culture, faire des rencontres.....
Na Ouardia, 75 ans, est une authentique femme d’Ath Ouavane. Son visage souriant porte les mêmes couleurs vives et chaudes que sa robe kabyle traditionnelle. C’est un visage de grand-mère délicieuse qui respire la bonté et la bienveillance. Na Ouardia se promène au milieu des festivaliers et des visiteurs, curieuse de tout et heureuse de toute cette joyeuse agitation et animation. Veuve à un âge précoce, elle a élevé seule ses six enfants à la force de ses poignets. Encore aujourd’hui, elle continue de s’occuper de son jardin et de son verger, taillant et greffant elle-même ses arbres....
Le village a également une prestigieuse histoire liée à la guerre de Libération. Tous les dirigeants de la Révolution sont passés par là et le légendaire Amirouche en avait même fait l’un de ses QG....
....On y vient pour la montagne et on y découvre d’autres merveilles, car le village s’est taillé une solide réputation pour ses produits agricoles irrigués à l’eau pure de montagne. Ses cerises et son poivron local appelé «ifelefel awavaane» sont très demandés....
Pour le festival, Ath Ouavane a mobilisé plus de 400 jeunes gens pour assurer la sécurité des visiteurs et des festivaliers. «Ceux-là n’ont pas eu le droit de profiter du festival. Ils avaient pour mission de sécuriser les biens et les personnes», dit Hakim Bessadi. La fête s’est déroulée sans aucun incident. Pas un gendarme, pas un policier n’a posé les pieds ici durant tout le festival. Près de 800 personnes ont été hébergées et souvent nourries par les habitants et personne n’a eu à se plaindre.
Bien au contraire, le moment des séparations a été déchirant. Très souvent, Ath Ouavane a fait montre d’un esprit d’ouverture extraordinaire. Il y a peu de villages de montagne au monde qui peuvent accepter que des «étrangers» se baladent en toute liberté en son sein, que des jeunes filles court-vêtues, cheveux au vent et décolletés généreux....
D’après Hacen Metref, il faut aborder le festival avec un esprit libre et libéré des carcans de la pensée.
Il faut se laisser vivre, se laisser emporter par la vague, être en immersion complète. «Nous sommes dans un pays assez compliqué en matière de libertés individuelles et collectives. Si on libérait les expressions, les énergies, les initiatives et les espaces, on verrait l’impensable.
Il y a un potentiel extraordinaire, explosif dans ce pays, c’est du TNT», dit-il. Pour Hacen Metref, l’un des trois fondateurs du festival avec Denis Martinez et Salah Silem, il y a trop d’énergie accumulée dans ce pays. Pour éviter les explosions sociales destructrices, il faut des explosions créatrices. Il faut libérer ce trop-plein d’énergie dans l’art, le sport et la culture.
«C’est ce qui fera de ce pays un jour une puissance régionale. Je suis sidéré de voir ce que les gens cachent comme talent et potentiel créateur.....
Hacen Metref estime qu’il y a une véritable lame de fond qui est en train de transformer le pays et ses dirigeants ne s’en rendent même pas compte.
Rencontré à Ath Ouavane, le journaliste-éditeur Arezki Aït Larbi est du même avis. «Raconte-Arts est un festival sans le sou, mais qui est en train de faire une petite révolution dans les esprits. Raconte-arts a ringardisé les festivals institutionnels qui bouffent des milliards alors que les gens leur tournent le dos», dit-il.
Pour El Kadi Ihsane, autre journaliste présent à Ath Ouavane, Raconte-Arts est carrément le nouveau modèle économique qui permettra à l’Algérie de se diversifier. Le journaliste s’en explique : «Il n’est pas lié aux hydrocarbures, il n’émarge pas au budget de l’Etat, il ne fait pas travailler les Chinois...
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A son lancement il y a 14 ans, personne n’aurait vraiment misé le moindre sou vaillant sur un festival qui ne se prenait pas trop au sérieux.
Le projet est parti d’une idée toute simple née au milieu d’un trio d’amis que sont Hacen Metref lui-même, le peintre Denis Martinez et Salah Silem, graphiste et éditeur....
...Le Printemps noir plane sur la Kabylie. En 2004, Denis Martinez voulait relancer la tradition de ‘‘Taq Uvehri’’, (La fenêtre du Vent) qui existe partout en Kabylie et qui permet aux femmes de lancer l’appel du pays aux exilés".
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