Cérémonie du 40 ème jour du décès de Si OUANZAR Abdelkrim

N’est-ce pas ?

Les plus lointains souvenirs demeurent souvent les plus vivaces et quand un hasard les réveille au fond de nous-mêmes, on se sent tout surpris de les voir ressusciter avec une netteté et un coloris que n’ont pas les évènements de la veille. Tel est le charme des impressions d’enfance et de jeunesse soudainement retrouvées.

C’est un passé soudain devenu proche qui resurgit à l’évocation de ton nom et notre mémoire s’évertue ce soir à retracer tous les moments heureux ou malheureux qui ont jalonné ton parcours ! C’est bien de toi Monsieur Ouenzar que nous parlons, toi qui toujours volontaire et animé par un esprit de rigueur, ne se contentait jamais de l’acquit et refusait souvent les évidences rassurantes. Il est vrai qu’il y avait chez toi, une forte intensité d’implication et d’engagement pour ce métier que tu as exercé avec de grandes convictions et qui t’ont conduit un jour, à faire le déplacement jusqu’à la piscine pour faire revenir de jeunes adolescents que l’insouciance du moment a contraint à l’école buissonnière !

Aujourd’hui, l’évocation de cet évènement fait bien sourire ceux qui ont grandi depuis et qui n’ont pas oublié que tes sautes d’humeur faisaient partie de l’amour que tu leur témoignais tel un père dévoué à sa famille ! Et c’est vrai Monsieur Ouenzar, ta présence en toute circonstance nous a maintes fois rappelé ton sens de la responsabilité ! Et….à défaut d’être ennuyeux, tu avais le mérite d’être clair dans tes propos même si parfois tu les enrobais de colère pour mieux faire passer le message ! Tu refusais de te laisser investir au niveau des émotions et des sentiments.
Et pourtant, ton visage qui paraissait fermé, exprimait intérieurement la joie de celui qui était heureux de pouvoir servir l’éducation nationale dans un constant climat de défis et de difficultés.
En effet n de Marhoum à l’ITE bien des défis ont été relevés…

Ce soir même, tes pas résonnent dans cet établissement comme pour marquer encore une fois ta présence ! Mais, tu ne seras pas le fantôme de l’ITE mais tu continueras à hanter notre mémoire pour tout ce que tu as su nous inculquer et c’est le plus bel hommage que nous puissions rendre à un homme qui ponctuait très souvent ses phrases par cet incontournable et philosophique « N’est-ce pas ? » Nous invitant à partager, tes points de vue et ta conception des choses …. Et ceux qui n’ont pas eu l’occasion de te connaître ne peuvent comprendre la portée de cette expression ….N’est-ce pas ?

Nous ne sommes pas là ce soir pour t’idéaliser encore moins te sacraliser parce que comme tu le disais assez souvent, tu n’as fait que ton travail et comme il le fallait ! Nous, Nous sommes là ce soir parce que justement ce travail bien fait a marqué nos consciences et cet estime de soi que tu avais est je crois le plus précieux héritage qu'on peut léguer à nos enfants ; à nos élèves, à tous ces jeunes qui se cherchent continuellement.

Tes paroles et tes gestes à eux seuls témoignaient de cet abandon total pour cette profession et si nous redoutions parfois tes réactions, plutôt imprévisibles, d’être humain, nous n’avions que de l’admiration pour tout ce que ton être pouvait exprimer d’engagement de soi. Tes gestes indiquaient toujours une direction à suivre, une mission à accomplir, un projet à réaliser, un but à atteindre. Toujours titillé par l’inconfortable sentiment de n’avoir pas fait assez !
Dans le combat que tu as livré à la douleur puis à la maladie, tu as su rester digne et tu as compris que nos certitudes, sont finalement toutes relatives.

Il a fallu que tu quittes ce monde pour que nous réalisions l’importance de cet engagement qui nous a conduits ici ce soir ……. Et, je vois à travers tous ces visages que les souvenirs n’ont pris aucune ride ! Ils sont presque tous là ce soir pour te dire que pour que les choses existent, il faut les nommer. et pour qu'une vie existe, il faut l'habiller ….Et tu portais si bien ta cravate …….
Tu ne mourras plus demain ! N’est-ce pas ?

Je tiens à remercier chaleureusement Mme Khaled Halima, l’instigatrice de cette rencontre essentielle ainsi que toutes les personnes ici présentes, et je sais qu'elles sont extrêmement nombreuses, qui, de près ou de loin, ont rendu possible cet événement.

KAMEL KIES 1 3 juin 2012[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]