Un beau matin.Mohamed Bahloul.

Très bon matin qui annonçait une belle journée.
Après la prière du Sobh à el Aâtiq,j'ai pensé à rencontrer mon ami Mohamed Bahloul que je savais chez "Bagrati".Comme à  chaque fois que je veux le revoir,il était là,dans "ce petit coin discret de ce vieux café"(j'allais dire ce vieux restaurant,Oh Katy,Katy) de"sur la place".Il était là,bien rasé comme il l'est tous les Vendredis.Je prends place tout juste en face de lui, pour le regarder,pour l'écouter,pour ne rater aucun mot,dans l'attente de "la dernière".          Quel plaisir!                                                                                                                                          Il m’invite à prendre « quelque chose »,je commande un café « bien pressé »et sors une gauloise.  « Wech,toujours avec tes ancêtres,mais tes premières étaient brunes, maintenant,elles ont pris des couleurs,tout comme tes cheveux,moi aussi je reste fidèle à ma « Hoggar »,me dit-il. Comme je l’ai toujours connu,Mohamed ne prend jamais sa  « dose » de café noir avant son grand verre de café au lait,plutôt « naqouss » et sa galette de pain "maison".Il me fait part de son désir de l’accompagner au cimetière de Sidi Maâmar pour un recueillement sur les tombes des parents et des amis.Rabbi yarham’houm.Il me parla de sa défunte épouse et des souffrances qu’elle a endurées.Qu’elle repose en paix et que Dieu l’accueille en son vaste Paradis.Comme un Homme,il l’aimait et l’aime encore.Tu es admirable,Mohamed.                                                                                                                  Notre discussion ne touche,bien sûr,pas à un quelconque projet(mais Bon Dieu, pourquoi bien sûr ?),c’est toujours le passé qui refait surface,ce sont toujours des souvenirs qui reviennent. Mohamed et moi nous sommes connus dans les années 73/74,c’était à Alger,lui suivait un stage de perfectionnement des cadres d’entreprises économiques et moi,j’étais à l’école de commerce de Ben Aknoun. Là,tous les week-ends,rendez-vous était donné entre quelques Saïdéèns.Quand les présalaires de 400,00 dinars nous  faisaient « riches »pour quelques jours,c’était au « Quartier Latin »de l’Avenue du Colonel Amirouche,ou encore à « le Gaulois »de la rue de « la Liberté »et quand c’était juste pour une limonade ou un café,c’était »la brasserie des facultés,le « Kenko »,le » Coq Hardi » ,es-serdouk el qafez comme aimait à le nommer,le prof de Droit Civil,Mr ???(Bon Dieu,cette mémoire qui souvent m’abandonne quand elle ne devrait pas.Mais ça va revenir.Il était Directeur Général du commerce extérieur,du temps du Ministre,Mr Layachi Yaker). Depuis,notre amitié a continué et comme pour la renforcer,le hasard fera qu’on travaillera ensemble pendant 17 années. Mohamed sort en retraite en 98,sans faire valoir ses droits de Fils de Chahid.Bof, disait-il,deux catégories de plus ou de moins…Il était plus haut,trop intelligent.Pour l’histoire, Mohamed était capable de vous donner en une dizaine de secondes le résultat d’une 327 x 23. Allez savoir comme il faisait.Même dans son travail,il était rare qu’il ait recours à un stylo et une feuille de papier pour prendre des notes.                                                                                 
Ne le décevez pas et il est loin d’être exigeant, c’est juste qu’il faut être correct.      Avec Mohamed,quand il fait de vous un ami,c’est pour finir en frère.Il peut vous parler de ses filles et de ses sœurs en citant leurs prénoms,le plus simplement du monde.Il n’a aucune gêne à dire qu’il les aime avec cette larme que vous sentez mais qui refuse de trahir sa sensibilité, cette sensibilité qui fait de lui un Homme.

Mr Mancer , vous venez de rendre un bel hommage à mon frère Mohamed , je vous en remercie beaucoup.Je reconnais là mon frère qui représente l'image de père pour nous ses sœurs et frères ; Il est toujours présent pour les bons comme pour les mauvais moments.Il a été le mari affectueux et respectueux,et continue à être la papa poule pour ses enfants et ses petits enfants .Que Dieu le protège et le garde le plus longtemps pour nous .

Permettez-moi,Madame,de m'adresser à vous.
De Mohamed,j'aurais pu et dû en dire plus,seulement,j'ai cette maladie de ne pas pouvoir écrire,ni de parler d'ailleurs,quand j'évoque certains Hommes et Femmes.
Soyez-en fière,je sais combien il vous aime.
Rabbi ittawal fi 3omrah.

S'bah el khir.
Décidément ce Mohamed,on ne peut pas rester avec lui 5 minutes et ne pas prendre de lui.
Il y a une trentaine de minutes,j'étais avec Khelifa Bouanani,une petite rencontre,des échanges,de tout, de rien.Mohamed arrive,il revient de Sidi Maâmar.
Il écoute une petite vieille histoire que raconte Khelifa.
Mohamed:"Le souvenir est une cloche qui sonne au moment de l'oubli".
Bonne journée.

C'est parfait cher ami Ahcene et c'est bien écrit; un style simple et limpide qui reflète bien  la personnalité de l'homme auquel tu rends hommage; Mohamed est en effet, simple, affable et affectueux. J'ai eu le plaisir de le fréquenter pendant un temps très court, à la fin des années 70 quand j'étais prof au lycée de jeunes Filles. J'avais comme élève une de ses cousines, Houria Khedda qu'il aidait à faire ses devoirs et certainement à assimiler ses cours. A l'époque, on faisait de la littérature même en 1° année ou du moins, on étudiait des textes littéraires. Quand je rencontrais Mohamed dans la rue, il me posait des questions sur les leçons que je faisais avec mes élèves et on profitait de l'occasion pour parler un peu de littérature et d'histoire. Je savais Mohamed très fort en math et en calcul; je me souviens moi aussi de ses prodiges au Café Mouloudia en été et il m'a impressionné par sa culture et surtout, ses connaissances en littérature. Voilà des hommes qui s'imposent par leur culture et leur éducation.

C'est plus que parfait,mon ami Djillali et merci prof.(Au fait comment on conjugue au plus-que-parfait?).Je crois que ça me revient grâce à je ne sais plus qui,il disait"si j'aurais su,j'aurais pas venu".
Je sais que tu as compris.Ça m'emm...un peu quand j'entends parler de ces"personnalités",de ces "notables"quand rien ne les destine à ce rang.Tu les vois,bombant le torse,"trop lourds pour le sol",faisant les modestes tout en faisant tout pour se faisant voir, pour se faire entendre"bonjour,Si l'hadj...".Il y'en a même qui "tendent"la tête pour recevoir un petit baiser.Beaucoup de ceux-là qui occupent les premiers rangs en diverses occasions,avaient toutes les possibilités de faire et de nous montrer ce qu'elles savaient mais ils ont préféré"les plaisirs et les jours".
Laissons de côté ces"misérables canailles qui collent au sol"comme dirait B.Brecht.
Mohamed Bahloul est une personnalité de Saida.J'ai dit quelque chose de lui,tu en as dit plus.
Il en a dans la tête et il est modeste.C'est rare.
Je suis à leur recherche.
Porte-toi bien,l'ami.

Bel échange entre gens "civilisés".Je prends le même plaisir à passer un moment avec Mohamed Bahloul qui ne rate pas une occasion de vous raconter la dernière blague mais qui sait aussi apprécier celle que vous lui racontez.Dieu vous garde mes amis vous êtes de plus en plus rares.