A/S de MOHAMED et BADRA GRINA

Ma chère mère est revenue ce jour du 04 Novembre (après une visite a SAIDA) toute chamboulé, cette lettre est pour vous.
Le 6 novembre 2015

De GRINA FATIMA

A/S de MOHAMED et BADRA GRINA
Mon frère et ma sœur CHOUHADAS

Messieurs les décideurs, je ne vous remercie pas !vous avez réussi, a mes yeux et sans peut être le vouloir a « assassiner mon frère le chahid GRINA MOHAMED une deuxième fois après qu’il ait été abattu froidement, alors qu’il tirait sur les forces de l’ordre colonial (extrait du procès verbal établi par CROQUEFER MAX chef de la brigade de gendarmerie de KREIDER en date du 27octobre 1958 ; PV joint.
La polyclinique du quartier de « la marine » de SAIDA a été rénovée, modernisée et c’est tant mieux pour la population mais elle ne porte plus le nom du Chahid GRINA MOHAMED (qu’elle portait pourtant depuis plusieurs années), ce jeune Saideen mort les armes a la main. Pourquoi ?
La petite plaque de marbre blanc fixée a l’entrée de la structure sanitaire n’était plus en harmonie avec les nouveaux aménagements…d’accord !alors il fallait aussi changer le nom de Chahid !!!Sans égard pour la famille GRINA(ou plutôt ce qu’il en reste : ABDELKRIM moudjahid diminue par la maladie et moi FATIMA digne représentante de la famille éducative et enseignante depuis 1964(en retraite maintenant).
Je n’oublierai jamais ce 4 NOVEMBRE 2015 lorsqu’un peu fébrile, je me présentai fièrement a la polyclinique de la « MARINE »pour offrir le portait agrandi de ce frère, tant aime, qui, un jour d’hiver rigoureux (comme SAIDA en connait souvent)le 1 er JANVIER 1958 exactement a enfile 2 paires de chaussettes et a rejoint ses frères d’arme et notre sœur BADRA qui avait pris le maquis a l’été 1957a 17 ans. Ce frère aine, qui n’avait pas encore 20 ans (il est ne le 22 FEVRIER 1938) et dont j’était si proche ;je ne l’ai plus jamais revu.
Messieurs en supprimant cette plaque de marbre blanc qui portait le nom de mon frère, vous m’avez blessée dans mes convictions de vieille Saideenne car même si je réside loin de ma ville natale j’étais sure que mes frères moudjahidines veilleraient sur la mémoire des miens.
En rebaptisant cet établissement de sante vous avait pris une décision que je respecte car pour moi tous les murs de l’ALGERIE indépendante devraient être tapisses des noms de nos martyrs ;sans aucune surenchère !!!
C’est grâce à leur sacrifice que vous existez et que je peux m’exprimer aussi librement aujourd’hui
Mais ce 4 novembre 2015, submergée par l’émotion, ma peine était trop forte et je n’ai pu m’empêcher de penser que de la haut MOHAMED aurait pu dire : »comme c’est dur d’être bafoue par ses pères » !!
Messieurs, les décisions prises au nom du devoir de mémoire doivent bien étudiées et aucunement interchangeables, si vous voulez que nos jeunes nous prennent au sérieux !!
En ce vendredi 6 novembre 2015 que MOHAMMED GRINA, ABDELKRIM SARAI et tous ceux qui sont morts pour que l’ALGERIE vive libres reposent en paix.