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Il était une fois Saida 2

2 participants

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Il était une fois Saida 2 Empty Re: Il était une fois Saida 2

Message par kaddouri Dim 15 Aoû 2010 - 13:16

Bonjour, alors allons y pour un prélude "des ombres de la colline". Je suis certain que mon ami Segheir va jaser de plaisir en parcourant ces lignes, car ç'est une petite réponse aux cartes postales de Mr Benallel. A tous les membres du forum, je vous souhaite donc une bonne lecture

La berline, un ancien modèle comme on n’en fait plus maintenant, avançant par saccades, peinant sur la pente raide, s’essouffle et s’arrête brusquement. Au prix de grands efforts, un nuage de fumée dans son sillage, elle rugit et repart de nouveau, progressant lentement sur la double voie taillée dans le roc. Bien que la pente s’adoucisse au premier virage, la vieille guimbarde hoquète, ronfle, râle et s’élance de plus belle, avalant les kilomètres d’asphalte fraîchement étalé. Il fut un temps où cette voie, collant aux parois abruptes de la montagne, était si étroite que l’automobiliste, qui la prenait pour la première fois, avait l’impression, à chaque virage, de se jeter dans le vide à la rencontre des cimes de pins verdissant la petite vallée. Maintenant qu’elle est devenue large, le conducteur de la berline n’eut aucune sensation ; mais quand il parvient au plateau nu, plus de trace des eucalyptus d’antan ; ils ont disparus, sacrifiés au profit de l’élargissement de la route. Seul l’ancien chemin de fer défie le temps, faisant encore de beaux jours devant le train de marchandises qui relie le nord au sud. Ses rails, à empattement étroit, longent la double voie sur une centaine de mètres et la fuient dés qu’elle entame son inclinaison. Alors, reprenant son souffle, la berline dévale la descente à toute vitesse, ralentit en dépassant le nouveau pont et s’arrête dans un crissement des pneus. Un homme entre deux âges en descend. Flottant dans un costume sombre, les cheveux grisonnants et le haut du crâne dégarni, une moustache fine barre son visage au teint hâlé. D’un revers de la main, il remet sa cravate en place qu’un coup de vent soulève au dessous de sa chemise d’une blancheur immaculée. Il reste un moment immobile observant le flux des voitures circulant dans les deux sens et décide enfin par traverser la double voie, faisant maugréer au passage un chauffard qui a failli l’écraser. Ne répondant nullement à ses provocations, il s’éloigne rapidement par une piste bordée de cyprès. Parvenu aux abords immédiats d’un petit verger, son regard, par inadvertance, s’accroche aux arbres fruitiers qui y dépérissent au milieu des herbes sauvages. Le filet d’eau, qui naguère les arrosait, a tari et l’endroit semble abandonné à son triste sort. Il fut un temps où le propriétaire des lieux soignait à longueur de journée son petit jardin qui le lui rendait si bien par l’offrande de gros et si beaux fruits. Hélas ! C’était une époque révolue où les gens vouaient une passion sans limite à la terre et à ses produits. Pris d’un sentiment de tristesse à la vue d’un tel gâchis, l’homme se dirige enfin vers la clôture longeant le petit verger. Il pousse le portail entrouvert et se retrouve à l’intérieur du cimetière de la ville. D’un pas feutré en respect des morts, il se fraye un passage à travers les hautes herbes, recherchant des yeux la tombe d’un proche. La manière dont ses yeux scrutent les tombes, laisse penser qu’il n’y a pas remis les pieds depuis fort longtemps. Son regard se fige tout à coup. De l’épitaphe gravée sur l’une des pierres tombales il déchiffre : Ici repose Houria Djaâfri... La surface, détériorée par l’usure et les aléas du temps, ne lui permet pas de lire le restant de l’écriteau ; tandis que des herbes sauvages, envahissant la tombe, lui cachent les chrysanthèmes qu’il a lui-même plantés. Il se recueille sur la tombe, psalmodiant une prière en silence, lorsque sa mémoire toujours vivace lui renvoie l’image d’une femme souriante et tout en blanc vêtue. Ses paroles résonnent encore dans sa tête, quand tout jeune elle lui martelait sans cesse les mêmes recommandations : « Soit exigeant envers toi-même et juste avec les autres : ni apathique au point d’être piétiné, ni dur jusqu’à ce qu’on te fuit. Suis cette voie, elle te guidera vers la plénitude de la vie. ». Il lui voue toujours respect et considération pour ce qu’elle représentait comme sagesse aux yeux des gens bien plus que le fait d’être sa maman. Emu, il ne se rend pas compte du temps qui passe jusqu’à ce que des éclats de voix l’arrachent à ses implorations. Des familles, accompagnées d’enfants bruyants, envahissent le cimetière en cette journée printanière et fériée. Profitant du soleil et du beau temps, les unes se recueillent sur les tombes de leurs proches, d’autres méditent en silence et en retrait, tandis que des femmes jacassent autour du marabout des lieux. Ca se passe toujours ainsi, à la fin du recueillement les femmes convergent vers le marabout : l’endroit préféré où elles extériorisent leurs malheurs et prient le saint d’exaucer leurs vœux. Embrassant le paysage d’un tour d’horizon, le visiteur quitte la tombe de Houria Djaâfri et part à la recherche de celle de son père dont il connait l’endroit par le grand cyprès poussant à proximité. Empruntant les allées sinueuses et étroites du cimetière, il parvient sans encombre à la tombe d’Amar Djaâfri où il récite les mêmes prières. Ses suppliques enfin terminées, il se dirige vers la sortie. Il aperçoit alors, de l’autre coté de l’oued, cachée par un petit bois, la ferme rouge qui, nichée sur son piton, brave encore les âges et les caprices des saisons. Autrefois, les commandos Cobra, drapés dans leurs tenues de para avec bérets et ceinturons noirs, s’y prélassaient ; et comme des guêpes prêtes à piquer leurs proies, ils bombaient leurs torses en se pavoisant devant les détenus. Ironie du sort, même mort, Amar s’y trouve face aux esprits qui hantent encore cet endroit. Comme si l’histoire n’a pas tout dis, attendant qu’on la raconte pour lever le voile sur toutes les atrocités commises et libérer les consciences de ceux qui en étaient la cause. Alors, l’esprit taraudé par une multitude de questions face aux vestiges de cette ferme de sinistre nom, le visiteur rejoint sa voiture et démarre. Affecté par l’état de délabrement de la plaine, il roule lentement, stupéfait par le peu de temps qu’il a fallu à l’ignorance pour venir à bout d’un siècle de réalisations et de labeurs. Comme si, dans le subconscient collectif, on a voulu effacer toute trace du colon, oubliant au passage que c’est pour redistribuer équitablement ces biens que la révolution fut. Alors le résultat ne s’est pas fait attendre, on dirait un paysage dévasté par le passage d’un cyclone où les jolies fermes s’effondrent et vieillissent, tandis que leurs arbres fruitiers, allant du prunier au cerisier, se racornissent. Même dame nature s’est mise de la partie, ses pluies tarissent et on ne différencie plus les saisons. Alors, la sécheresse persiste et la terre, jadis riche de ses eaux souterraines, craquèle ; tandis que de l’endroit devenu un agglomérat de taudis, le vent soulève un nuage de poussière. La vigne, autrefois généreuse par son raisin juteux, a disparu, laissant place à une dizaine de bâtiments qui croulent sous le poids de familles nombreuses. A l’extrémité de l’ancienne route qui traversait le champ de vigne, un lotissement semblable à un bidonville pousse tel un appendice maléfique. La route, dans un état de dégradation avancée, laisse apparaître des crevasses remplies de brindilles. Seuls les oliviers qui la bordaient, défient le temps malgré l’état d’abandon dans lequel ils se trouvent. Une voie express surgit à proximité de « l’oued Maurice » qui, tari de ses eaux et sources, offre un spectacle désolant. Ses berges, autrefois verdoyantes pendant toute l’année, deviennent le lit d’une décharge public où des amas de sachets noirs voltigent au gré du vent. La ferme expérimentale, toujours imposante dans la plaine, supporte les ans avec ses eucalyptus centenaires et ses cyprès aux cimes de clous. Devant son portail d’entrée, jadis gardé par les soldats de la base arrière, et face à la route qui la longe, des hangars de bétails construits à la hâte grouillent d’ouvriers à ne rien faire. Un hameau s’est greffé à son extrémité ouest où des familles paysannes, fuyant le terrorisme des années de braise, s’y agglutinent. La route devient ensuite rocailleuse, sa couche de base a disparu, détruite par l’usure et l’abandon. Derrière le petit monticule, dans le large thalweg et des plis de la plaine, une autre ferme, jadis quartier d’une compagnie d’artillerie, sombre sous le nombre important d’ouvriers agricoles. Regroupés en coopératives, ces pseudo-agriculteurs excellent plus dans l’élevage et autres commerces que dans le travail de la terre dont le rendement a chuté. Poursuivant son périple, l’automobiliste se dirige vers la colline par l’ancienne piste abandonnée. Il eut un regard pour la ferme Carafang qui, en épave et surchargée de ses occupants, perd de sa superbe d’antan. Ici aussi, les terres morcelées en ilots attendent depuis qu’un éventuel soc vienne les retourner. Abandonnés par ceux qui en ont la charge, les terres et les biens dépérissent dans l’indifférence et l’amnésie collective. Excédé et impuissant devant le mépris affiché à l’endroit de la terre de sang, le conducteur appuie sur l’accélérateur de sa voiture qui monte la cote en cahotant. Arrivé au sommet de la colline, il s’arrête face au panorama que lui offre la plaine, embrassant de son regard les vastes étendues qui s’étirent à ses pieds. Une verdure à perte de vue, des parcelles en jachères forcées et d’autres dévorées par des herbes sauvages, s’allongent jusqu’au versant est de la montagne semi-boisée. Il foule de ses pieds une terre qu’il n’a pas revue depuis plus de trois décennies. Ici et là, des tas de pierres et des maisonnettes délabrées témoignent d’une vie qui naguère existait en ces lieux. Pas âme qui vive au douar des Djaâfri : Ses habitants l’ont abandonné, fuyant la vague déferlante de la bête immonde qui s’est abattue sur la région. Le cœur serré, il déambule au milieu d’un semblant de verger dont la clôture, jadis haute de deux pieds, s’est volatilisé. Les amandiers aux branches déshydratées retardent de bourgeonner, tandis que les figuiers, telle une forêt brûlée, pointent leurs branches crochues au ciel. De la maison d’Amar aucune trace n’est visible, seul un dense tapis d’herbe recouvre l’endroit où elle était bâtie et où l’homme, envahi par une émotion incontrôlée, se laisse choir à même le sol. La terre tant aimée par Amar souffre de l’abandon et du silence complice de la nature. Un sentiment de tristesse et de chagrin l’envahit, lorsque les paroles d’Amar résonnent dans sa tête tel un cri provenant des profondeurs de la terre. « Mes enfants ! Pour ce lopin de terre, je me suis battu sur deux fronts : Contre le colon qui voulait me l’exproprier, et contre les forces du mal pour recouvrer ma dignité et ma liberté d’entreprendre. Je vous le confie maintenant, prenez en soin comme la prunelle de vos yeux ! » .

Maintenant qu’il est là, seul dans cette colline vidée de ses habitants, devant l’immensité désertée par l’homme, il comprend alors le sens d’une phrase, l’immortalité d’un vœu, d’un legs, du véritable testament d’Amar. Il a subitement honte de lui-même et il se sent coupable au même titre que tous ceux qui ont abandonné le pays ou ont dévié de la voie tracée par les anciens. Son retour n’est pas fortuit, il veut comprendre, connaître l’enchainement des causes et des effets du drame qui s’est produit. Dans sa tête, l’explication se trouve là où tout a commencé et il lui suffit juste de disséquer l’enchevêtrement des évènements qui se sont déroulé depuis le début. Fatigué par un trajet de quatre heures, happé par l’appel pressant de la somnolence, il s’allonge sur l’herbe et laisse son esprit gamberger dans le passé. Des ombres aux formes insaisissables défilent à toute vitesse devant ses yeux et il sombre alors dans un sommeil agité.

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Message par SEGHIER Ameur Mer 18 Aoû 2010 - 21:03

Khouya Si Kouider bonsoir , je te souhaite bon courage et bonne continuation pour le projet dont tu m'as parlé, ce que tu écris reste l'histoire d'une personne qui t'es chère, mais aussi une page de l'histoire de notre région ,comme il y' en a bien d'autres qui attendent d'être écrites.Fraternellement
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